Suite aux élections législatives tenues en 2022, le paysage des partis politiques s’est singulièrement transformé. Alors que le groupe politique Ensemble réunissant les élus Renaissance, MoDem, Horizons et d’autres centristes perdait la majorité absolue, deux groupes d’opposition émergeaient avec force, le Rassemblement National (RN) et la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Depuis lors, nous avons assisté avec inquiétude à une déstructuration du débat démocratique dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale, le « bruit et la fureur » empêchant souvent tout échange sur le fond.
Ce constat inquiétant pour le fonctionnement de nos instances démocratiques doit être nuancé en observant la composition du Sénat, renouvelé pour moitié en septembre 2023. De fait, on note un fonctionnement nettement plus mature de la Haute assemblée, où les groupes politiques participent continuellement à diverses commissions et travaux afin de faire émerger des propositions raisonnablement consensuelles.
Cependant, la transformation de l’Assemblée Nationale en espace de conflictualité mérite analyse. Si la confrontation gauche-droite est ancrée dans tous les esprits, cette dichotomie est devenue insuffisante à traduire la tectonique des forces politiques en présence. On s’habitue maintenant à raisonner en désignant les partis les plus turbulents comme « illibéraux » ou « populistes ». C’est un peu court.
Une approche intéressante a été développée par le Cevipof, affichée au moment des élections sous le titre « La Boussole présidentielle ». Elle positionne les candidats sur deux axes : économique / culturel.
Le choix d’orienter ce graphique en positionnant en gauche-droite la dimension économique (interventionnisme vs libéralisme) n’est pas convaincante. En 1789, lorsque les députés se sont placés d’un côté ou de l’autre du président de l’assemblée, le critère n’était pas le modèle économique, mais bel et bien le choix de conserver les pouvoirs du roi (à droite) ou renforcer ceux des députés (à gauche). C’est l’axe « culturel » qui discrimine la répartition droite-gauche. Dans la boussole Cevipof, la gauche est en haut et la droite en bas…
Suite à l’élection législative de 2022, nous avons remis le schéma dans le bon sens, en l’actualisant et y ajoutant quelques slogans de campagne des candidats, afin de mieux caractériser cette description évidemment arbitraire.
Dans ce schéma, le think tank AIRE se positionne explicitement au nord de l’axe horizontal, en faveur de l’initiative privée, de la subsidiarité et de la modération fiscale.