Publié en octobre 2021, L’ingénieur du revenu universel est la synthèse de l’expérience de Marc de Basquiat, président de l’AIRE.
Il explique de façon très vivante et documentée comment ce concept théorique est progressivement devenu un enjeu récurrent des débats politiques en France et dans le monde. Le chemin qu’il décrit vers l’instauration concrète du revenu universel est aujourd’hui la référence en France.
Les problèmes cruciaux que porte notre civilisation ont été décrits déjà par Thomas Paine en 1795. De nouveaux enjeux sont apparus. Dans ce livre, j’ai choisi d’aborder sept questions fondamentales :
- Parviendrons‑nous à éradiquer la misère dans nos pays riches ?
- Peut‑on aider financièrement quelqu’un sans le décourager de chercher un travail ?
- L’État peut‑il faciliter l’acquisition de l’autonomie par les jeunes ?
- Comment financer les années d’inactivité des plus âgés ?
- Est‑il possible que chaque famille ait accès à un logement décent ?
- Peut‑on légitimer la propriété privée ?
- Comment financer l’économie pour le bien de nos sociétés et de notre environnement ?
Pour y répondre, nous sommes partis du revenu universel, un objet politique paradoxal.
Son énoncé extrêmement simple (l’État donne la même somme d’argent à tout le monde) se heurte à une complexité redoutable lorsqu’il s’agit d’évaluer ses conditions pratiques de mise en œuvre. Ce livre en donne un aperçu, en faisant le choix d’évoquer plus que démontrer les solutions. J’ai aussi mis en scène quelques personnes bien réelles, au nom de qui je souhaite voir émerger ce nouveau monde où tout serait simple, équitable et efficace.
Le poète et homme politique français Aimé Césaire a prononcé en 1950 un discours qui est resté dans l’histoire, commençant par cette interpellation puissante :
« Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde… »
Oui, c’est justement parce que les riches percevront explicitement le revenu universel dans leur calcul fiscal qu’ils ne pourront s’opposer de bonne foi à ce que les pauvres le reçoivent aussi simplement qu’eux.
Ce raisonnement fonctionne de la même façon pour le prélèvement qui finance le revenu universel : c’est parce que les pauvres paieront explicitement 30 % de leurs revenus, dès le premier euro, que les riches ne pourront pas rechigner à payer autant.
C’est imparable. Cette logique est infiniment plus puissante que toutes les règles qui empilent des millefeuilles inefficaces de conditionnalités et de bons sentiments pour réserver les aides à « ceux qui en ont vraiment besoin » et les impôts les plus élevés à « ceux qui ont les moyens ».